Tout d'abord permettez-nous de vous adresser nos meilleurs vœux pour cette année 2022.
Une année particulière, riche et complexe, a bien des égards.
Bien sûr il y a le contexte, hélas toujours présent, de la pandémie, qui accompagne notre quotidien en lien avec le traitement des données personnelles de santé (mais pas seulement celles-ci), pour des avancées qui posent question bien au-delà de notre périmètre académique, et qui font débat.
Mais 2022 est également une année d'espoir et de réalisations. Les problématiques liées aux données personnelles sont au croisement, si ce n'est au cœur, de nombre de texte législatifs, français, européens et internationaux, ainsi que de mises en application pratique de solutions collectives, notamment dans le domaine de l'identité numérique (eIDAS), aux conséquences lourdes, que nous avions déjà évoquées.
2022 est une année européenne. C'est en effet cette année que la France prend, pour six mois, la présidence du Conseil de l'Union européenne, et le numérique est évidemment au programme.
La France entend ainsi, selon les termes même de son programme de présidence, porter le message d' « Une Europe humaine :
- à l’écoute des préoccupations de ses citoyens dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ;
- qui défend l’État de droit et est fidèle à ses valeurs ».
ou encore « La présidence débutera les travaux sur la loi sur les données, qui contribuera, avec le règlement sur la gouvernance des données déjà adopté, à créer un cadre juridique de confiance ».
Nous en prenons acte.
En cette année européenne donc, nous avons souhaité, cofondateurs et membres de la Chaire, porter une attention toute particulière à deux aspects prépondérants dans le cadre de nos travaux de recherche et activités : les valeurs européennes et la confiance.
Les valeurs européennes parce qu'elles sont aussi ce qui nous constitue, elles ont précédé et justifié la création du RGPD ainsi que bien d'autres textes (ePrivacy, Data Gouvernance Act, Digital Market Act, Digital Service Act, règlement eIDAS, Data Act, IA Act, directive NIS 2 …) et initiatives en cours d’implémentation ou de finalisation.
La confiance, parce que la crise de société consécutive à l’intégration du numérique dans nos vies, usages et ré écriture de paradigmes, pas seulement en France ou en Europe d'ailleurs, en est définitivement le point nodal.
La Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles de l'IMT, dans son chemin européen et pluridisciplinaire, a récemment signé un partenariat avec l'Université Catholique de Louvain à cet effet. Les travaux sur la confiance, trop souvent citée, jamais explicitée, seront portés par notre collègue Mark Hunyadi , philosophe, théoricien de la confiance, professeur à l’Institut supérieur de philosophie de l’Université Catholique de Louvain (UCL), en collaboration avec les autres membres de la Chaire de recherche, et que nous avions déjà sollicité sur ces questions.
Au fil des ans, mais plus manifestement ces deux dernières années, il a été constaté que beaucoup (trop ?) d'acteurs, qu'ils soient institutionnels, médiatiques, économiques ou académiques, se révélaient particulièrement vocaux mais finalement peu explicites, voire bien approximatifs, lorsqu'il s'agissait de traiter de la confiance, de ce qui la constitue, son périmètre, ses manifestations, son exercice, ses preuves et conditions.
Nous traiterons quelques exemples concrets de cet usage du terme confiance, car il nous est notamment demandé de « faire confiance » aux institutions, au législateur, d'utiliser des services numériques « de confiance », (dont le fameux Cloud « de confiance »), d'user d'identités numériques « de confiance », de certificats « de confiance », de « souveraineté numérique de confiance », de réaliser des transactions financières « en toute confiance » et de tant d'autres choses où la confiance est invoquée comme un mantra dans toutes les communications qui nous sont faites dès lors que le numérique est impliqué.
C'est donc a priori peu de dire que nous vivons en fait une époque de crise de confiance.
Ainsi, en cette année 2022 et pour les prochaines années, nous avons décidé d'ouvrir nos travaux pluridisciplinaires à cette thématique croisée, qui de fait nous implique tous, se matérialise (ou non), en examinant ce qui à la fois la porte, la conditionne, la structure, et fait société :
la Praxis de la confiance.
Cette Praxis de la confiance, nous donnera l’occasion d’examiner ensemble, exemples concrets à l'appui, les éléments qui la composent, de sa pensée à son ingénierie, dans une conversation collective qui a toujours été l’objet, la méthode comme l’objectif, de la Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles.
Vous réitérant nos meilleurs vœux pour cette année certes complexe, mais particulièrement passionnante et prometteuse donc.
L’équipe de la Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles.