Table-ronde de la Fondation Mines-Télécom sur la confiance et la blockchain

Le 10 mai 2017, la Fondation Mines-Télécom a organisé lors d’un petit-déjeuner une table ronde sur le thème « Que reste-t-il de la confiance à l’ère du numérique ? » à laquelle participaient Philippe Honigman, entrepreneur et consultant, et Maryline Laurent.

Cette dernière a exposé comment une preuve de confiance se décline en informatique.

Ici, il convient de distinguer deux axes :

- Un axe strictement encadré par certaines institutions (ANSSI, Commission européenne) qui aboutit à une certification portant sur un service numérique, un produit ou un logiciel, et

- Un axe basé sur le principe de l’analyse comportementale pouvant porter sur des individus ou un service numérique, l’objectif de cette analyse étant de calculer un score reflétant la différence entre deux comportements, le comportement en cours d’évaluation et le comportement de référence. Elle a particulièrement insisté sur l’importance de s’interroger sur la nature des critères caractérisant ce comportement référence et sur l’entité qui l’établit, ces deux indices permettant d’identifier la véritable finalité de l’usage de l’approche comportementale.

Maryline Laurent a également identifié les éléments techniques vecteurs de la confiance, comme la transparence des algorithmes (un code lisible par tous), l’authenticité des informations et la décentralisation multi-niveaux, à la fois au niveau de la gouvernance pour décider des règles de fonctionnement et au niveau des moyens informatiques afin de garantir la fiabilité du fonctionnement technique du service.

Elle a ensuite expliqué comment la blockchain pouvait remplir ces caractéristiques, avec une mise en garde cependant. La blockchain ne peut être qualifiée de technologie de confiance que si son mode de gouvernance et les infrastructures informatiques sous-jacentes sont véritablement neutres.

Philippe Honigman, auteur de l’ouvrage « La Blockchain Décryptée », a pour sa part mis l’accent sur le procédé de décentralisation des architectures et des services. Il est revenu sur l’évolution des architectures qui ont connu le temps des structures centralisées top-down, puis les plates-formes d’intermédiation (Twitter, Facebook) et qui maintenant se dirigent vers l’ubérisation des plates-formes avec l’arrivée de la technologie blockchain. Il a apporté un éclairage sur le rôle joué par les plates-formes actuelles, avec leur rôle premier de mise en relation des utilisateurs (un premier niveau de décentralisation étant ainsi apporté), mais aussi leur rôle d’administrateur, qui lui reste centralisé. En tant qu’administrateur, en effet, une plate-forme définit elle-même les règles qu’elle entend appliquer (CGU, contenus censurés, exclusion d’utilisateurs…) et les types de données générées par ses utilisateurs qu’elle souhaite valoriser. La blockchain vient révolutionner cette fonction d’administration en permettant aux utilisateurs et aux fondateurs d’une blockchain de remplir cette fonction. Qui plus est, elle permet aux utilisateurs de partager l’ensemble des données et de réaliser eux-mêmes leur valorisation.

> Voir le contenu de l’intervention de Maryline Laurent sur le blog de l’IMT

Maryline Laurent
Co-fondatrice de la Chaire, Professeur en sciences informatiques à Télécom SudParis

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