La Chaire VP-IP, partenaire du Living Labs 5G déployé par la SNCF à Rennes
Le 2 juillet 2021, la SNCF et ses partenaires Orange, Nokia et l’Institut Mines-Telecom (IMT) à travers sa Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles ont inauguré à Rennes, en présence du Secrétaire d’État au numérique Cédric O, un « Living Labs 5G »[1]. Cette plateforme de test des technologies 5G, localisée dans deux technicentres rennais, vient prolonger les expérimentations déployées depuis 2019 en gare Rennes dans le cadre d’un appel à plateformes innovantes de l’ARCEP[2]. Dans ce contexte, les chercheurs de la Chaire VP-IP associés aux chercheurs de Télécom Paris apporteront leur expertise sur les nouveaux cas d’usage proposés au grand public, aux entreprises et aux collaborateurs de la SCNF, en particulier en ce qui concerne sur les conditions de confiance dans les technologies déployées et le traitement des données personnelles.
Une nouvelle architecture pour répondre aux besoins des voyageurs, des professionnels et des technicentres
En complément des besoins historiques liés aux fonctionnalités ferroviaires, la SNCF a besoin de définir de nouvelles solutions de connectivité pour proposer de nouveaux usages, assortis de fonctionnalités inédites afin de répondre aux besoins industriels des technicentres de la SNCF, aux besoins professionnels et à ceux des voyageurs dans les espaces recevant du public comme les gares.
Parmi les premières expérimentations effectuées en gare de Rennes, citons le téléchargement instantané de médias (films, séries, documentaires) par les voyageurs, l’usage de la vidéoconférence sur un ordinateur par des professionnels ou la maintenance en réalité augmentée via des terminaux mobiles. D’autres besoins nécessitent eux aussi des ressources supplémentaires : le déchargement de données d’exploitation à très fort débit, la connectivité temps-réel pour le contrôle de procédé et pour le téléguidage de charriots logistiques, les caméras nomades pour le suivi des mouvements des matériels, l’analyse des vidéos temps-réel pour repérer des dysfonctionnements (graffitis, équipements laissés ouverts).
Dans le prolongement de ces premières expérimentations, la SNCF a obtenu en 2020 du Comité Stratégique de Filière Infrastructures Numériques de la Direction Générale des Entreprises un label « Living Labs » pour expérimenter la 5G (26 GHz). Forts de ce label et désireux de collaborer sur de nouveaux sujets, SNCF, Orange, Nokia et l’Institut Mines-Télécom ont déposé par la suite une demande de financement dans le cadre du plan de relance de l’État. Cette demande s’est concrétisée le 2 juillet par l’inauguration du projet Living La 5G de Rennes qui outre la gare de Rennes concerne deux types de centres industriels : le technicentre industriel de Rennes chargé de la maintenance des pièces de freinage de tous les matériels roulants en France et le technicentre de maintenance Bretagne qui révise, nettoie et répare les trains circulant sur son territoire.
Des usages qui doivent reposer sur la confiance
Dans ce projet, Orange fournit les services de réseaux télécoms tandis que l’équipementier Nokia est chargé des solutions technologiques de connectivité, dont les solutions de réseaux privés. L’objectif est d’anticiper de nouvelles approches énergétiques, de nouveaux protocoles de télécommunications de tester le niveau de cybersécurité et aussi de garantir la conformité au règlement général sur la protection des données (RGPD) des services numériques proposés en gare. « IMT, lauréat de « Beyond 5G », un projet associant performance, sécurité et orchestration de services 5G, voit dans ce partenariat une opportunité unique d’expérimenter le potentiel d’innovation que porte en elle la 5G pour des applications professionnelles », a indiqué Francis Jutand, Directeur général adjoint de l’Institut Mines-Télécom. La Chaire Valeurs et Politiques des Informations Personnelles se penchera plus particulièrement sur la notion de confiance et de son renforcement auprès des usagers de la SNCF et de ses partenaires, ainsi que sur la question du déploiement des technologies de connexion dans le cadre d’une politique respectueuse de notre souveraineté numérique.
Placés sous la coordination de Claire Levallois-Barth, les chercheurs de l’Institut Mines-Télécom (Télécom Paris) apporteront ainsi un éclairage sur les impacts sociétaux à travers une approche pluridisciplinaire juridique (Claire Levallois-Barth et Jonathan Keller), de sciences de gestion (David Massé) et de design (Samuel Huron). L’objectif consiste à répondre aux aspirations des clients et des agents de la SNCF en favorisant une véritable inclusion numérique reposant sur la mise en place d’une charte de confiance pluripartite. En effet, l’actualité témoigne d’une polarisation des positions autour du déploiement de la 5G, même si le recours à cette technologie apparaît de plus en plus inéluctable. Afin de renforcer la confiance, notre étude portera sur les différentes modalités de délivrance au grand public d’une information précise sur les impacts écologiques et sociétaux des technologies déployées, notamment en ce qui concerne l’impact sur le traitement des données personnelles. Elle répondra ainsi à l’exigence générale de transparence, qui constitue une des valeurs de notre société démocratique.
Pour optimiser la forme de cette information, les méthodologies propres au design et aux sciences humaines seront mobilisées : des consultations seront ainsi réalisées auprès des parties prenantes (grand public, acteurs industriels), ainsi que des travaux collaboratifs de conceptions et de délibérations. Ces consultations permettront, d’une part, d’expliciter les questions, les attentes, les besoins et les craintes suscités par les nouvelles technologies de connexion et, d’autre part, de converger vers des propositions constructives communes. Plus précisément, l’objet de ces consultations multipartites consistera à déterminer la nécessité
- D’une technologie en particulier,
- De la création et du traitement de données techniques ou de données personnelles
- Des dispositifs utilisés dans les gares.
Ainsi le Living Lab offre l’opportunité de recenser toutes les données générées dans le cadre d’une gare connectée via la 5G ou une autre technologie innovante, puis d’encadrer les modalités de génération et d’utilisation de tous types de données conformément aux préconisations réalisées dans le cadre de la concertation. Cet encadrement s’appliquera tout le long de la chaîne du déploiement des nouveaux protocoles de télécommunication c’est-à-dire de l’installation par les acteurs des télécoms à l’utilisation par les entreprises innovantes ou par les usagers des dispositifs installés dans les gares.
[1] Ce projet a été financé par le gouvernement dans le cadre du plan de Relance.
[2] Il s’agissait de tester de nouvelles fréquences 5G, dites millimétriques (la bande de fréquence 26GHz), qui permettraient des débits équivalents à ceux d’une fibre optique.
Photographe : Sten Duparc