Du 23 au 25 octobre 2019, s’est tenue à Washington DC la conférence Science, Technology and Human Rights organisée par l’association AAAS (American Association for the Advancement of Science). La Fondation pour la Science et les Droits de l'Homme de l'AAAS est un réseau d'organisations de scientifiques et d'ingénieurs qui reconnaissent le rôle des scientifiques et des ingénieurs dans les droits de l'Homme. Elle est connue notamment pour éditer la célèbre revue Science.
À cette occasion, Maryline Laurent a co-animé la session « Monitoring human rights in conflicts: the use of drones is still a chimera? », au côté de Francesco Betti Sorbelli, chercheur à l’Université de Perugia, Italie, Cono Giardullo, chercheur associé à l’IAI, l’Institut des Affaires Internationales, Italie, et Anil Shende, professeur à Roanoke College, États-Unis. Ont également participé à la préparation de cette session Enrico Natalizio, professeur à l’Université de Lorraine, France ainsi que Cristina M. Pinotti, professeure à l’Université de Perugia, Italie.
L’objectif ici était de faire réfléchir l’auditoire, composé d’une trentaine de personnes, sur l’usage peu connu des drones au service de l’humanitaire ainsi que sur les risques associés en matière de sécurité et de protection des données personnelles. Des populations en détresse se trouvent prises en étau dans des conflits armés qui les dépassent. Dans le cas du conflit russo-ukrainien pris en exemple lors de la conférence, l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) utilise les drones pour collecter des informations, analyser la situation sécuritaire sur le terrain des opérations et rapporter des incidents spécifiques, en particulier en lien avec la violation de ses principes et engagements fondamentaux, parmi lesquels figurent le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, le non-recours à la menace ou à l’emploi de la force, l’égalité des droits des peuples et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les principaux risques sont aujourd’hui la destruction des drones qui sont régulièrement la cible de tirs, les techniques de brouillage qui empêchent les opérateurs au sol de communiquer avec leurs drones et la collecte abusive d’images qui est susceptible d’aller à l’encontre du droit au respect de la vie privée, même si le respect de ce droit doit être concilié avec le droit à la vie des populations impliquées.
Après avoir présenté les enjeux techniques et scientifiques liés aux problématiques de communications entre un drone et sa base, puis un état des lieux des recherches dans les domaines de la sécurité et de la protection des données, l’équipe de scientifiques a pu échanger avec la salle sur le pouvoir des images. Celles-ci constituent des sources d’informations indispensables à l’organisation d’actions humanitaires ainsi que des vecteurs émotionnels très puissants permettant de sensibiliser l’opinion internationale, voire même de convaincre certains États d’intervenir.
Les drones au service de l’humanitaire, voilà un usage très respectable de ce type de technologies. Montrant à nouveau qu'une technologie n’est pas bonne ou mauvaise en elle-même et que tout dépend de l’usage qui en fait.
Maryline Laurent, Professeure en sciences de l’informatique à Télécom SudParis et Membre fondateur de la Chaire