Armen Khatchatourov, enseignant-chercheur en gouvernance responsable des données à IMT-BS et membre de la Chaire VPIP, publie l’ouvrage « Les identités numériques en tension, entre autonomie et contrôle ». Cet ouvrage a bénéficié de la collaboration précieuse de Pierre-Antoine Chardel (IMT-BS) et Andrew Feenberg (Simon Fraser University, Canada), ainsi que de Gabriel Périès (IMT-BS).
Le livre traite de l’ambivalence intrinsèque du numérique : même si la transformation actuelle ouvre des possibles, elle redistribue différemment le jeu des contraintes et des incitations, et tend insidieusement à créer une malléabilité plus grande des individus. L'ouvrage examine les nouveaux modes d’existence et de subjectivation qui sont induits par ces opérations, en les articulant aux diverses réalités que les innovations numériques recouvrent (systèmes de gestion des identités numériques, Big Data et apprentissage machine, Internet des objets, villes intelligentes, soi quantifié). Il présente cet effort de discernement comme l’une des conditions majeures pour que des modes de gouvernance plus responsables des données puissent voir le jour. Charpenté par la contribution principale d'Armen Khatchatourov, chercheur ayant une double compétence en sciences de l’ingénieur et en philosophie de la technique, il est complété par trois contributions - par deux socio-philosophes (Pierre-Antoine Chardel et Andrew Feenberg) et par un politologue (Gabriel Périès) -, qui constituent des réactions théoriques aux thèses qui y sont avancées.
Cet ouvrage de la Série Innovation et responsabilité chez Iste Editions (voir la fiche du livre et e-book) est publié peu de temps après que la France a mis en application le règlement de l’Union européenne portant sur la protection des données à caractère personnel (RGPD). Ce règlement, qui place l’Europe au plus haut dans la protection des données, participe de ce que recouvre plus largement la notion d’Innovation et de recherche responsables, et en est une bonne illustration. En élargissant son sujet aux innovations numériques dans leur ensemble, le livre va cependant bien au-delà de la seule protection des données individuelles. De même, il déplace son regard des discours sur les techniques comme chez Armin Grunwald par exemple, aux techniques elles-mêmes, fussent-elles discrètes et insaisissables pour les utilisateurs.
Dans un contexte où les entreprises et les États consacrent une importance croissante à nos identités numériques, à leur surveillance ou à leur gestion, ce livre apporte aux lecteurs soucieux d’approfondir leur réflexion sur ces sujets des clés d’analyse essentielles et originales.
Pierre-Antoine Chardel, professeur de philosophie sociale et d'éthique à Institut Mines-Télécom Business School, membre fondateur de la Chaire