Les politiques sécuritaires sont de nos jours amplement privilégiées dans l’organisation de nos sociétés. L’une des raisons avancées dans le renforcement de ces politiques est le contexte international actuel dominé par la lutte contre le terrorisme. Les discours qui les accompagnent constituent une réponse globale à l’heure où l’accélération médiatique en démultiplie la portée dans l’opinion publique.
Au nom de la lutte anti-terroriste, on voit ainsi se mettre en place des formes de surveillance de plus en plus sophistiquées. Par la traçabilité que les technologies numériques rendent possible (celle des puces RFID ou de nos multiples objets connectés), nous sommes susceptibles d’être surveillés dans la plupart des moments de notre vie.
Nous évoluons de la sorte dans des espaces où chaque citoyen est susceptible de devenir une « bête d’aveux » (Michel Foucault). Parallèlement, on observe une inquiétante faiblesse des débats publics autour des implications éthiques, politiques et juridiques de la surveillance généralisée.
L’ouvrage Politiques sécuritaires et surveillance numérique interroge l’intensification des politiques sécuritaires dans nos sociétés démocratiques en mettant en évidence le risque majeur qu’elle constitue pour nos équilibres politiques, sociaux et existentiels. Car si au nom de la sécurité, nous acceptons d’être de plus en plus surveillés, c’est en négligeant le fait que nous avons besoin de confiance, d’autonomie et de liberté pour nous inscrire solidement dans le monde.
Pourquoi semblons-nous faire preuve si massivement d’une telle négligence ? Notre vigilance critique, tant sur le plan individuel que collectif, ne devrait-elle pas au contraire être singulièrement accentuée à l’heure où les régimes d’exception tendent à devenir la règle ?
CNRS Editions, collection « Les Essentiels d’Hermès », 2014.
Ouvrage coordonné par Pierre-Antoine Chardel
Professeur de philosophie sociale et d'éthique à Télécom Ecole de Management et Membre fondateur de la Chaire