Identités et médiations technologiques, impacts et questions éthiques

Le 15 juin 2019 s'est tenu à Bordeaux le Forum EDUCAVOX, avec pour thème cette année : « Numérique et Éthique ». L'événement réunissait des acteurs du monde politique, économique et éducatif autour des questions d'éthique qui s'imposent à l’heure des réseaux sociaux, de l’économie des données et de l’Intelligence Artificielle. Les participants étaient amenés à s'interroger sur l'impact de ces réalités technologiques sur les politiques éducatives et les interactions sociales. Parmi les intervenants, citons Régis Chatellier, Chargé d’études prospectives à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), Gilles Braun, Délégué à la protection des données du ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse et du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Kedem Ferré, Médiateur de ressources et de services, Réseau Canopé.

Pierre-Antoine Chardel, professeur de sciences sociales et d’éthique à IMT-BS et co-fondateur de la chaire VPIP, a prononcé lors de cette rencontre une conférence ayant pour titre : « Identités et médiations technologiques, impacts et questions éthiques » (vidéo de la conférence disponible en ligne).

Cette intervention fut l'occasion d’expliquer ce qui, d’un point de vue éthique, motive un questionnement sur les médiations technologiques, et en particulier la manière dont nos identités sont amplement redéfinies à l’ère numérique.

Reprenant les réflexions développées dans l’ouvrage « Identités numériques en tension : entre autonomie et contrôle »1, Pierre-Antoine Chardel a insisté sur les jeux de tension qui interviennent aujourd’hui : nous sommes dans un monde de fluidité et de flux, de libération de la parole, et simultanément des régimes de captation de l’attention, des politiques de surveillance à des fins économiques et politiques, et des processus d’exploitation de nos données personnelles se répandent.

Interroger le phénomène des médiations numériques doit inciter à se tenir au plus près des contradictions inhérentes à la métamorphose numérique, en tentant d’identifier au mieux comment les liens intersubjectifs se font et se défont, comment ils sont amenés à s’enrichir, mais également à se fragiliser dès lors que la confiance est érodée. Il faut également garder à l'esprit qu'il ne peut y avoir de raisonnement éthique à l’endroit des médiations technologiques qui aurait une valeur absolue ou définitive. En revanche, il existe des contextes sociotechniques toujours spécifiques qui doivent nous inviter à produire un travail d’évaluation critique en contexte. Car le meilleur comme le pire peut nous arriver.

Finalement, quelle sorte de société désirons-nous pour demain ? Demandons-nous le dès aujourd'hui, en développant une attention spécifique à l’égard de l’évolution de nos modes d’existence et de la signification que nous entendons conférer au vivre-ensemble.

 


Pierre-Antoine Chardel, Professeur de philosophie sociale et d'éthique à Institut Mines-Télécom Business School, Membre fondateur de la Chaire


 

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